Perché sur la falaise qui domine l'Ardèche à la fin de ses gorges, la forteresse d'Aiguèze (XIe-XIIe siècle) évoque les rivalités entre les barons d'Aiguèze, vassaux des comtes de Toulouse, et les comtes-évêques de Viviers. La concurrence entre ces deux grands seigneurs se termine lors de la croisade contre les Albigeois et la victoire du roi de France allié au Pape.
Lors de la Guerre de Cent Ans, la région est régulièrement ravagée par les grandes compagnies (soldats déserteurs et bandits de grand chemin) : c'est la période des Jacqueries. Dans la région, les Tuchins s'emparent de plusieurs cités, dont celle d'Aiguèze en enivrant la garnison. Le roi de France mobilise une véritable armée pour reprendre la forteresse qu'il détruit de fond en comble : en 1384, il reste neuf feux à Aiguèze, alors qu'aux temps de sa splendeur 500 hommes d'armes et plus d'un millier de personnes y vivaient. Aiguèze ne s'en remettra jamais.
Dans la deuxième moitié du XVe siècle, la population est partiellement revenue. Un hôpital fortifié est construit. Au siècle suivant, l'église est agrandie (porche de 1552) et de nombreux bâtiments sont relevés. Dans bien des maisons, les rez-de-chaussées ont des voûtes romanes du XIe ou XIIe siècle, et les étages des fenêtres à meneaux Renaissance.